Ce vieux salon, connu pour être le plus grand salon photo au monde, accentue sa diversification vers d’autres domaines du monde de l’image. J’y ai passé cinq jours, à marcher (dans des halls immenses), à discuter (avec des représentants de grandes marques et des jeunots des start-ups), à prendre en main des produits (dont le dernier Sony Alpha 99 II…), à écouter des présentations, … De tout cela, je vous présente ici ce que j’ai retenu et pensé de cette Photokina 2016.
La Photokina a lieu tous les deux ans à Cologne. A la vitesse où la high-tech évolue, vous imaginez bien comme importantes peuvent être les attentes des professionnels et des passionnés de la photo. En fait, le terme photo est devenu restrictif : il y est aussi question d’imagerie numérique, fixe ou vidéo, et avec divers types d’appareils! C’est le plus grand salon au monde dans son domaine. Il faut être en forme, ne pas avoir mal aux pieds. C’est un marathon pour qui veut en profiter plusieurs jours.
Gros joujoux
En arrivant par l’entrée sud du salon, j’ai deviné que l’un des appareils attendus par les photographes/vidéastes, à savoir le Panasonic GH5, ne serait pas prêt pour le rendez. En effet, une grande affiche publicitaire du GH4, APN dont les vidéos 4K sont appréciés par les pros, accueillait les visiteurs. Plus tard, avant la conférence de presse, un haut responsable de Panasonic me confirmait que le GH5 ne serait effectivement pas disponible pour le grand lancement auquel il aurait eu droit en tant que vedette. Si certaines caractéristiques ont bien été annoncées (comme l’enregistrement vidéo 4K à 60 images/sec), c’est sous une cloche qu’un GH5 a été montré au public. Son arrivée sur le marché n’étant pas prévu avant 2017. En attendant, Panasonic a bien exposé deux autres APN, le bridge FZ2000, le petit compact LX15 et le compact G80 dédié à la prise de vue lors d’activités de plein air grâce à sa protection contre l’eau et la poussière. Le même jour, Olympus a annoncé son nouveau boitier (orienté pro ou expert) à objectifs interchangeables, à savoir l’OM-D EM-1 Mark II). Mais parmi tous les gros appareils, celui qui m’a le plus marqué, c’est sans aucun doute le Sony Alpha 99 II, une bête! Ce nouveau boîtier très haut de gamme à objectifs interchangeables est capable, d’après son fabricant, d’enregistrer des images de plus de 42,4 mégapixels sur son capteur plein format à une cadence maximale de 12 images/sec! La mitraillette n’est pas jouet favori mais il faut reconnaitre que cette vitesse est hallucinante pour enregistrer des images aussi lourdes et que cela peut être utile aux photographes animalier ou de sport.
Mais encore plus impressionnant est la mise au point automatique qu’assure l’appareil en mode rafale. J’ai eu la chance, avec quelques journalistes, de participer le lendemain de l’annonce à un atelier de prise en main du Sony Alpha 99 II. Devant nous, des danseurs servaient de modèles. J’ai été tout simplement bluffé par l’autofocus! Cela faisait longtemps qu’un appareil de ce type ne m’avait pas autant subjugué… Cela semblait trop facile de réussir la prise de vues de sujets en mouvement. Encore une fois, je ne suis pas adepte de la rafale, mais-là, il faut reconnaitre la qualité technique de Sony. Dont les derniers boitiers hybrides que j’ai testés m’avait d’ailleurs convaincu sur le plan de la qualité de leur capteur. Dommage, nous n’avons pu retirer les cartes insérées dans les Alpha 99 II, ni conserver les images. Au fait, la douloureuse, le prix de l’Alpha 99 II : 3600 €.
De manière générale, on constate bien que les grands fabricants photo délaissent l’entrée de gamme à la faveur des moyennes et hauts de gamme, des hybrides en particulier. Le smartphone, avec ses qualités photo améliorées d’année en année, a laminé une part notable du marché des APN.
Pour enregistrer toutes ces images, photos et vidéos, il faut évidemment des cartes mémoire. Et dans ce domaine, pendant cette Photokina 2016, le fabricant Sandisk a fait une annonce qui a aussi bluffé beaucoup de monde : la première carte SD de capacité 1 To! Oui, un téraoctet, soit l’équivalent du disque dur de nombre d’ordinateurs portables disponible dans son appareil photo. J’ai pu voir, toucher cette carte Sandisk 1 To et même vérifier moi-même sa capacité : ce n’est pas du bluff. Elle existe!
Pour certains cela peut représenter des années de souvenirs de vacances… Évidemment, il ne faut pas laisser accumuler toutes ses images dans sa carte sans les sauvegarder dans un autre support. Mais avec les appareils capables de prendre des images 4K, pour l’instant en général à 30 images par seconde, mais bientôt à 60 images/sec, même les cartes de 64 Go risquent de ne plus servir longtemps. Mais tout de même, c’est vrai, l’usage d’une carte de 1 To, est encore difficile à justifier avec la plupart des appareils actuels. Voyez-vous dans quels cas vous pourriez vous en servir?
Sachez que le prix de cette carte SD Sandisk 1 To n’est pas encore annoncée. En attendant, la concurrence m’a montré une autre carte de capacité « plus modeste » : la carte SD de Toshiba de capacité 256 Mo. Pas mal non plus! D’autant qu’elle dispose d’une vitesse d’écriture allant jusque 250 Mbits/s. Cette carte aussi, j’ai l’ai vue et touchée. Et compte même bientôt la tester! Son prix, pas encore révélée, devrait être de plusieurs centaines d’euros…
Ferveur drones
Qui aurait pu imaginer il y a plusieurs années que les drones allaient prendre autant d’espace à la Photokina? Un avant-goût avait été déjà donné à l’IFA, le très gros salon high-tech de Berlin. Les drones exposés à la Photokina sont bien évidemment orientés vers la prise de vue, l’un des intérêts majeurs de ces engins volants, à mon avis. Au salon, Gopro, le leader des caméras d’action, a exposé son premier drone, le Karma. Suivant une tendance remarquée depuis un certain temps (voir le Xplorer Mini de Xiro ou le PowerEgg de Powervision) ce drone Gopro est pliable (ses bras et ses pieds se rabattant) : c’est plus pratique pour le transport. D’emblée, GoPro livre en standard son drone avec sa télécommande, ainsi qu’une poignée sur lequel se fixe une Gopro pour obtenir un Gimbal (caméra stabilisée). Le tout rentre dans un sac à dos, fourni de base! En option, le drone peut être vendu avec l’une des deux dernières actions cam Hero5 Black ou Session (entrée de gamme), annoncées en même que l’engin volant au début du salon. Évidemment, l’enregistrement se fait en 4K (à 30 images/sec). A 870 € sans caméra GoPro et 1200 € avec la Hero5 Black, je trouve le prix particulièrement bien étudié, lorsque l’on considère les tarifs habituels de GoPro, longtemps leader sans merci dans le monde des actions cam. Dans le domaine des drones, GoPro a cependant en face des acteurs qui ont déjà bien occupé le terrain. A commencer par DJI qui lui aussi s’apprêtait à annoncer un autre drone dans les jours suivant la fin de cette Photokina 2016.
J’ai vu dans ce salon d’autres marques de drones dont AEE. Son modèle Condor Elite vendu avec un grip est a priori intéressant. Comme le DJI Phantom 4 que j’ai testé, il possède la fonction Follow me (suivi du pilote). La différence ici, on peut se débarrasser du gros contrôleur, gênant lorsqu’on court ou fait du vélo : un petit boitier émetteur/récepteur se détachant du contrôleur peut prendre le relais!
Deux lettres, VR
2016 semble être vraiment l’année du lancement de la réalité virtuelle. Il y a eu les sorties des casques d’Oculus et de HTC. Au mois d’octobre est prévu celle de Sony. Samsung a récemment mis sur le marché une nouvelle version de son Galaxy Gear VR. Et a sorti également sa caméra 360°. L’un des acteurs attendus à la Photokina, après la présentation en début d’année au CES de sa caméra 360°, c’était Nikon. Celle-ci s’appelle KeyMission 360. Mais il faudra attendre d’ici la fin d’année, si la production n’est pas d’avantage perturbée (nombre de sociétés semblant subir les effets des dégâts occasionnés par un tremblement de terre dans une usine Sony de fabrication de capteurs équipant plusieurs clients concurrents).
Au second jour de la Photokina, Kodak a présenté aussi sa nouvelle caméra 360° : après la Pixpro 360, la Pixpro 360 4K, c’est autour de la Pixpro 4KVR360! Cette fois-ci il s’agit bien d’une caméra à double lentille et qui intègre (comme celle de Nikon) le stitching : à savoir, elle monte elle-même les deux vues pour donner au final une image à 360°. Pas besoin donc de passer par un ordinateur et d’y faire tourner un logiciel. Malheureusement, seule une maquette de la Kodak Pixpro 4KVR360 a été présentée à la Photokina. Les deux appareils de Nikon et Kodak semblent avoir plusieurs points communs. A tester, pour voir lequel est le plus performant.
D’après un responsable qui a parlé a demi-mot, GoPro (oui encore) préparerait aussi une caméra 360° compacte. J’ai pu voir cependant la solution professionnelle, l’Omni, un système composé d’un assemblage de six caméras d’action!
Autour du smartphone
Évidemment, les accessoires permettant d’améliorer la pratique de la prise de vue (photo ou vidéo) à l’aide d’un smartphone ne manquait pas à cette Photokina. Parmi eux, il y a les compléments optiques. Notons la solution haut de gamme de Zeiss pour iPhone, annoncée déjà avant la Photokina. J’ai découvert une autre marque, Ztylus, dont les compléments optiques semblent de qualité.
Les smartphones, ces produits fins, ont au moins un défaut par rapport aux APN classiques : ils ont une mauvaise tenue en main. La société chinoise Kernel propose sa solution : une poignée en plastique dans laquelle vient s’enficher l’iPhone. De plus, il est fourni avec des compléments optiques. La même société fabrique aussi un objet sympa : un petit trolley pour smartphone. Muni de roues, l’engin se déplace lentement (tout droit ou en rond selon la direction donnée aux roues). Cela peut être utile pour les panoramas.
J’ai découvert un appareil qui pourrait intéresser ceux qui veulent améliorer la qualité des vidéos prises avec leur smartphone. Il s’agit d’un support, une sorte de selfie stick, surmonté d’une boitier sur lequel sont fixés deux micros. Un câble audio est branché à la prise jack du smartphone qui enregistre ainsi le son provenant des deux micros, alors qu’une autre prise casque permet de contrôler l’audio. Les deux micros étant orientables, le vidéaste peut diriger le premier vers lui (pour commenter), le second vers l’environnement ou la personne interviewée. Intéressant pour les faiseurs de vidéos live (Periscope). Le fabricant (chinois aussi) s’appelle Saramonic et son produit le SmartMixer. Le prix est d’environ 180 €.
Autre produit que j’aimerais tester, le Lumu Power. C’est une cellule multi-fonction qui se branche à l’iPhone via sa prise Lightning : elle mesure l’exposition ambiante ou celle générée par un flash ainsi que la température de couleur. Évidemment, c’est réservé aux photographes les plus exigeants, d’autant que le prix est assez élevé, soit environ 300 €. On m’a fait une démonstration et cela a l’air intéressant. A confirmer ou non par un test.
Bref, des APN haut de gamme conçus pour les plus exigeants, aux drones et caméras 360 qui donnent des perspectives nouvelles et abordables pour un public plus grand, en passant par la prise d’images par le smartphone qui, lui, offre une souplesse d’usage et une « accessoirisation » des plus divers, cette visite de la Photokina 2016 me conforte dans la vision d’une photographie à angles multiples, et mêlée, combinée, tantôt associée, tantôt opposée à la vidéo. Dans tous les cas, que de solutions pour prendre une ou des images! Nous sommes vraiment dans l’ère de « l’embarras du choix ».
Moctar KANE.
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